UN BATMAN
DANS TA TÊTE
De David Léon
Conception et Mise en scène :
Hélène Soulié
Création le 24 février 2014
au Théâtre des 13 vents,
CDN de Montpellier
On avait beaucoup entendu des cris, depuis qu’on était tout petit.
Quand on a pris l’habitude de les entendre souvent les cris, c’est difficile après, de trouver la sortie dans ta tête, où ça ne crierait plus.
C’était la femme qui ne voulait pas être la maman qui les criait les cris tout le temps.
Des fois, on n’arrête pas de se les répéter dans ta tête, les phrases de la femme qui ne voulait pas être la maman.
Quand Matthieu commence à te les répéter, ça dure tout le temps.
CREDIT PHOTO : Lola Carrère
Matthieu, un adolescent, passe de plus en plus de temps devant sa console de jeu.
Depuis qu’il s’est plongé dans les aventures du Batman, il entend une voix qui s’adresse à lui de façon répétée et envahissante.
Elle lui raconte des souvenirs d’enfance, lui parle de sa famille, et fait resurgir des événements qu’il croyait oubliés, des émotions qui lui échappent.
Peu à peu, Matthieu recompose une histoire, son histoire, à travers une parole intime et brutale qui ne fait plus la part entre le réel et le monde virtuel dans lequel évolue son double, le Batman.
Un soliloque sensible qui explore notamment la construction de la personnalité au moment de l’adolescence.
DISTRIBUTION
Conception et Mise en scène :
Hélène Soulié
Scénographie :
Hélène Soulié & Emmanuelle Debeusscher
Lumière :
Maurice Fouilhé
Son :
Serge Monségu
Création teaser vidéo :
Maïa Fastinger
Le texte est édité aux éditions Espaces 34 – Sabine Chevallier
DISTRIBUTION
Thomas Blanchard
Clément Bertani
(en alternance)
PRODUCTION
Production
EXIT
Coproduction :
CDN de Montpellier
Avec le soutien :
du ministère de la culture et de la communication – DRAC Languedoc‐Roussillon (EXIT est une compagnie conventionnée par la DRAC Languedoc Roussillon), de la Région Languedoc Roussillon, de Montpellier Agglomération et de la Ville de Montpellier
TRAILER
L’humanité, Jean-Pierre Léonardini, 3 mars 2014
Avec Un batman dans ta tête, soliloque écrit par David Léon, Hélène Soulié qui l’a mis en scène confirme l’évidence d’un talent fertile, qui nous était apparu lors de sa précédente réalisation du Petit Eyolf d’Ibsen.(…)
En un mot comme en cent, Un batman dans ta tête témoigne à l’envi d’un travail théâtral artistement pensé et vécu.
Libération, Carole Rap, 26 février 2014
Une émotion en profondeur
Le Monde, Brigitte Salino, 15 mars 2014
“Le comédien et la mise en scène font battre, jusqu’au vertige, le coeur de ce texte dont la matière pourrait être un cliché moderne, l’influence des jeux vidéo sur l’esprit d’un adolescent, si David Léon n’atteignait les zones où se nouent les troubles mortels d’une vie. C’est dur mais productif : remuant.”
Stéphane CAPRON, Sceneweb, 13 mars 2014
La mise en scène d’Hélène Soulié est un excellent contrepoint au texte coup de poing de David Léon. On sort bouleversé de ce spectacle
Philippe du Vignal, Théâtre du blog, 18 juillet 2016
La remarquable mise en scène et la direction d’acteur d’Hélène Soulié sont d’une rigueur et d’une exigence absolue. Et pas si fréquent dans le off: la salle affiche complet…
I/O Gazette, Marie Sorbier, 15 juillet 2016.
La scénographie d’Hélène Soulié et Emmanuelle Debeusscher est brute, sans détour, efficace, subtilement présente par la beauté du dispositif. (…) La langue de David Léon est lancinante. Les mots piétinent, se répètent, tournent en boucle, cherchent la sortie, et nous plongent dans les méandres d’un cerveau abîmé, fou de se sentir mal-aimé par “la femme qui ne voulait pas être la maman.”
Lorsque la pièce commence, Matthieu est parti « […] quelque part. […] autre part. N’importe où » pour reprendre les termes qu’employait sa mère à son égard en lui demandant de s’en aller.
Il est « blotti dans tes cendres », est « devenu comme des grains de sel », enfermé et seul dans une urne funéraire.
C’est depuis cet espace que la parole surgit chaotiquement.
C’est depuis cet espace intermédiaire, atopique, qui semble se situer juste après la vie, juste avant que les mots ne s’envolent, que Matthieu se parle à lui même, juxtaposant dans une apparente incohérence monologues intérieurs, fragments de répliques, et bribes de conversations qui formeront les pièces du puzzle de son histoire.
Ainsi, formellement, et suivant le mouvement d’une dépression psychotique, les frontières sont effondrées dans l’écriture elle même. Et la forme et le contenu ne font qu’un.
On pourrait dire que la parole est « fractale », comme la vision que Matthieu a de son propre corps.
La lecture d’un fait divers ; un adolescent à Béziers utilisant un rasoir contre ses camarades de classe, a déclenché l’écriture du texte par David Léon. Il y avait aussi chez lui la nécessité d’écrire sur la maltraitance psychologique et sur « la folie ».
La lecture de Sauver la peau aura déclenché chez moi deux nuits successives d’insomnie et de cauchemars. (La relation de cette autre pièce de David Léon, à Un Batman dans ta tête est très forte).
Et puis un matin, très clairement, le souvenir d’une photo de Nan Goldin persiste, celle d’un adolescent dans son bain.
Je me souviens du bleu prégnant de la photo. Je la redécouvre. Et je pense à d’autres photos de Nan Goldin, celles d’adolescents au bord d’une piscine.
Je commence alors à dessiner un jeune homme dans une baignoire, et puis un miroir au dessus de lui, comme pour fragmenter son corps, en donner une vision atypique. Donner des prismes multiples au regard que l’on pourrait porter sur ce jeune homme. J’y trouve un écho plastique à la fragmentation du texte, reliée à la pensée foisonnante de Matthieu qui nous parvient par bribes, par spasmes.
J’y vois à la fois son corps morcelé, sa folie, et notre incapacité à la considérer dans son ensemble.
Très vite l’espace est celui là. J’en ai la certitude. Comme une évidence.
Je visualise alors la première image du spectacle. Celle du reflet de la tête de l’acteur que l’on découvre dans le miroir. C’est cette tête (qui deviendra visage) qui accueille le public. Visage pâle. Bouche très rouge. Matthieu est là. Il sourit.
Hélène Soulié