SAUVER LA PEAU
De David Léon
Conception et Mise en scène :
Hélène Soulié
Création le 26 janvier 2015
à Théâtre Ouvert, Paris
« Alors. Comment ça va ? espèce de connard. « Je. » Savais.
Que tu n’aimais pas ton père. Mais alors moi. A la lecture
de ton livre. J’apparais comme une vraie marâtre. Espèce
de connard. »
CREDIT PHOTO : Christophe RAYNAUD DE LAGE
Sauver la peau s’ouvre sur la lettre de démission d’un éducateur d’une institution spécialisée dans le soin et l’accompagnement éducatif d’enfants et d’adolescents psychiquement fragilisés. Le narrateur nous délivre une parole directe, confrontant ce qu’il nomme « le carcan familial » au « carcan institutionnel d’éducation ».
Par un jeu d’entrecroisements des prises de paroles multiples, le texte scrute comment la violence verbale s’exerce de part et d’autre, jusqu’à nous interroger en ligne de fond sur ce qui constitue nos identités dans le frottement subtil entre l’espace intime et l’espace professionnel.
Pièce à l’écriture ciselée, Sauver la peau, au-delà de ce qu’elle dévoile d’un système éducatif, pose la question du geste d’écrire et de la fonction de la littérature face à nos engagements.
Un texte bouleversant à l’oralité brute.
Quatrième de couverture / Sauver la peau – Éditions Espaces 34.
DISTRIBUTION
Conception et Mise en scène :
Hélène Soulié
Scénographie :
Hélène Soulié & Emmanuelle Debeuscher
Lumière :
Maurice Fouilhé
Création vidéo :
Maïa Fastinger
Son :
Adrien Cordier
Costume :
Catherine Sardi
Le texte est édité dans son intégralité aux éditions Espaces 34 – Sabine Chevallier
DISTRIBUTION
Manuel Vallade
PRODUCTION
Production
EXIT
Coproduction :
Centre National des Dramaturgies Contemporaines – Théâtre Ouvert – Paris
Avec le soutien :
du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Languedoc-Roussillon (EXIT est une compagnie conventionnée par la DRAC Languedoc-Roussillon), du CNT, de la Région Languedoc-Roussillon, de la Ville de Montpellier, de Réseau en scène Languedoc-Roussillon, de la SPEDIDAM, et de l’Office National de Diffusion Artistique (ONDA).
Têtu, Paul Parant, 12 février 2015
Une écriture à vif, un sujet cruel – famille toxique, suicide d’un enfant – une mise en scène sans concession : Sauver la peau de David Léon laisse le spectateur saisi.
Stéphane Capron, Sceneweb, 30 janvier 2015
Sauver la peau est un texte engagé. Un texte « queer » assumé et provocant (…)
Manuel Vallade est bouleversant de fragilité.
Audrey Jean, Theatres.com, 2 février 2015
Après Un Batman dans ta tête, David Léon et Hélène Soulié collaborent de nouveau pour nous proposer une forme atypique autour d’un texte à l’énergie viscérale. Sauver la peau fait écho au précédent spectacle et livre, dans une atmosphère feutrée, une logorrhée fragmentée déchirante et déversée avec une précision ciselée par le comédien Manuel Vallade. Un travail remarquable !
La terrasse, Manuel Piolat Soleymat, 29 janvier 2015
Seul sur scène, sous la direction d’Hélène Soulié, Manuel Vallade habite de tout son être le texte de David Léon : Sauver la peau. Un moment organique et polyphonique qui nous emporte.
Un travail sur la parole, sur « l’espace fou du langage ». Cet espace nous est commun. Lacan dit « Tout le monde est fou ». Il pourrait parler de « fou dans le langage ». « Tous fous dans le langage » pourrait-on dire.
La rencontre avec l’écriture de David Léon a été pour moi une évidence parce qu’il travaillait sensiblement sur le même espace que le mien.
L’espace fou du langage.
Ces pièces sont des pierres noires, brutes. La mise à jour du chaos. C’est éclatant.
Alors que je travaillais sur Un Batman dans ta tête, j’ai découvert Sauver la peau.
Les deux pièces sont entrées en résonnance. Le diptyque s’est imposé : profusion des voix / dialogue ininterrompu entre deux frères / dont un seul peut encore sauver sa peau.
C’est un homme dos au mur qui prend la parole. Un frère. Un écrivain. Un éducateur « démissionnaire » de l’institution. Qui va dans le temps de la représentation, mettre en relation la vie des enfants dans le carcan familial, (le sien d’abord : celui d’où il vient avec sa mère ogresse qui le traite de « sale pédé », son frère schizophrène, sa sœur recouverte de psoriasis) et la vie que les enfants mènent dans les carcans institutionnels d’éducation.
Même violence. Sourde. Maltraitance. Prise de pouvoir. Déni de l’existence. Zone de « non droit ».
La famille devient alors un nid glacial qui ne semble plus qu’abriter l’urne funéraire du frère mort, et les centres institutionnels d’éducation : des mausolées.
La pièce explore alors frontalement la question de l’identité, de ce qui nous constitue dans l’intime et dans le social, et la question du « Je » dans la littérature.
Contrairement à Un Batman dans ta tête, où le « Je » est le dernier mot prononcé du texte, le « Je » dans Sauver la peau est omniprésent, et ancré dans le vivant.
Celui qui parle s’adresse à nous frontalement. La parole s’inscrit dans le même présent que le nôtre, et nous interpelle.
Elle veut nous sortir de la sidération, de la torpeur, que provoquent sur nous les phrases meurtrières prononcées dans tous les carcans, qu’ils soient privés ou publics, familiaux où institutionnels.
Le « Je » devient « nous ».
Et invite à répondre collectivement, et urgemment.
Nous sommes ces enfants violentés par la dissonance des discours.
Et c’est avec l’acte de parole, l’acte d’écriture, l’acte artistique, que nous pourrons décrypter, mettre à jour, discréditer ces discours fous et sauver notre peau.
L’espace du théâtre, dernier lieu, où la parole fait acte.
Hélène Soulié